Peuton enlever le voile pour des raisons mĂ©dicales Je suis trĂšs inquiĂšte car j’ai attrapĂ© une maladie nerveuse pendant que j’étais en Bosnie maladie qui m’empĂȘche de bouger le cĂŽtĂ© droit de mon corps Je souffre de cette maladie depuis cinq ans et ma situation se dĂ©tĂ©riore De plus je souffre de problĂšmes optiques et je n’ai plus le courage d’affronter cette maladie En fait Rachida qui a retirĂ© son voile devant Eric Zemmour lors de l'Ă©mission "Face Ă  la rue" sur Cnews, a confiĂ© dans TPMP avoir reçu des menaces de mort. ŰčÙ„ÙŠÙƒÙ…ŰłÙ„Ű§Ù… و Ű±Ű­Ù…Ű© Ű§Ù„Ù„Ù‡ و ŰšŰ±ÙƒŰ§ŰȘه. Lorsqu’un homme dĂ©sire demander la main d’une femme et *pense que cette demande peut-ĂȘtre acceptĂ©e* alors il lui est permis et mĂȘme recommandĂ© de regarder de Fast Money. Paroles blessantes et parfois agressions physiques sont le quotidien de certaines musulmanes. Depuis l'interdiction du port du voile intĂ©gral dans certaines rĂ©gions du pays, notamment celles de l'ExtrĂȘme-Nord, du Littoral, du Nord et de l'Est due aux exactions de la secte terroriste BokoHaram, la population vit dans la psychose et la crainte de la femme voilĂ©e. Fusent alors des paroles blessantes, parfois des agressions physiques Je ne m'approcherai plus jamais des femmes qui portent le voile, elles cachent des explosifs Ă  l'intĂ©rieur », s’emporte LoĂŻc Fongam, commerçant du marchĂ© Mendong Ă  YaoundĂ©, Ă  la vue d'une femme musulmane voilĂ©e de maniĂšre simple avec un Hidjab. TrĂšs peu font la diffĂ©rence entre le voile intĂ©gral et les autres. Devant cet amalgame, des milliers de femmes prĂ©fĂšrent ne plus sortir de leur maison. Hadjaratou Ousmane est de celleslĂ  Je marchais tranquillement dans la rue lorsque deux hommes qui Ă©taient prĂšs de moi m'ont agressĂ©e en tirant sur mon voile. Ils me l'ont arrachĂ© brutalement de la tĂȘte et ont dit le gouvernement n'a-t-il pas interdit le port de ces voiles ? Je me suis sentie humiliĂ©e, je suis retournĂ©e chez moi dĂ©cidant de ne plus jamais en sortir. » Hawa, elle, s'est rendu compte hier que mĂȘme les forces de l'ordre ne savent rĂ©ellement pas ce que c'est que le voile intĂ©gral J'Ă©tais au commissariat de Bastos hier pour retirer ma carte nationale d'identitĂ© lorsque le vigile s'est mis Ă  me fouiller, me demandant d'enlever le pagne que j'avais sur moi. Je me suis sentie trĂšs mal mais comme il fallait que je retire ma carte, j'ai dĂ» me plier Ă  ces exigences. Je comprends que cela est fait pour garantir la sĂ©curitĂ© des citoyens, mais de lĂ  Ă  me mettre nue devant tout le monde, c'est vraiment trĂšs humiliant. » Le voile intĂ©gral est celui-lĂ  qui recouvre la femme musulmane de la tĂȘte aux pieds et qui ne laisse voir que ses yeux. Il est de couleur noire en gĂ©nĂ©ral. Le voile simple ou Hidjab quant Ă  lui ne couvre que la tĂȘte des femmes musulmanes. Il n'est pas assez large, on ne peut pas y cacher des explosifs. Pour l'Imam de la mosquĂ©e de Bodo, le Cheick Abou Rapah, la femme musulmane observe le voile lĂ©gal chaque fois qu'elle sort de la maison c'est l'habit islamique que les textes du Saint Coran et les Hadiths du messager d'Allah ont dĂ©terminĂ© sans Ă©quivoque. La femme musulmane consciente ne fait donc pas partie de cette catĂ©gorie de femmes sous habillĂ©es que connaĂźt la sociĂ©tĂ© moderne, des femmes Ă©garĂ©es et dĂ©viĂ©es de la voie d'Allah » Cette diffĂ©rence est-elle prise en compte ? C'est une atteinte Ă  notre dignitĂ© de femmes et nous devons y remĂ©dier », exhorte Zeinabou Abdou Rahman. Depuis quelques jours, le dĂ©bat sur le port du voile islamique enfle en France. À l’origine de cette nouvelle polĂ©mique, le geste d’un Ă©lu du Rassemblement national ex-Front National, qui a humiliĂ© une mĂšre accompagnatrice d’école portant le voile, entraĂźnant de nombreuses rĂ©actions de condamnations mais aussi des critiques sur la place du voile en France. Vendredi, en pleine assemblĂ©e plĂ©niĂšre du conseil rĂ©gional de Bourgogne-Franche-ComtĂ© est du pays, Julien Odoul, prĂ©sident du groupe Rassemblement National, avait sommĂ© la prĂ©sidente socialiste, Marie-Guite Dufay, de demander Ă  une des accompagnatrices scolaires prĂ©sente dans l’hĂ©micycle de retirer son voile. La mĂšre de famille accompagnait la classe d’école primaire de son fils. Nous sommes dans un bĂątiment public, nous sommes dans une enceinte dĂ©mocratique. C’est une provocation insupportable », s’était exclamĂ© le responsable d’extrĂȘme-droite, qui a publiĂ© une vidĂ©o de son intervention sur le rĂ©seau social Twitter. AprĂšs l’assassinat de nos quatre policiers, nous ne pouvons pas tolĂ©rer cette provocation communautariste », a-t-il dĂ©noncĂ© en outre. Madame a tout le loisir et la libertĂ© de garder son voile en dehors, dans la rue en dehors, et pas ici, c’est la loi de la RĂ©publique », a-t-il ajoutĂ©. 🔮 [RT]Au nom de nos principes rĂ©publicains et laĂŻcs, j’ai demandĂ© Ă  MarieGuiteDufay de faire enlever le voile islamique d’une accompagnatrice scolaire prĂ©sente dans l’hĂ©micycle. AprĂšs l’assassinat de nos 4 policiers, nous ne pouvons pas tolĂ©rer cette provocation communautariste — Julien Odoul JulienOdoul October 11, 2019 La prĂ©sidente PS du conseil rĂ©gional, Marie-Guite Dufay, a rĂ©pondu que ni le rĂšglement du conseil rĂ©gional ni la loi n’interdisaient le port du voile au sein de l’hĂ©micycle, dĂ©nonçant plus tard dans un communiquĂ© le dĂ©ferlement de la haine » et condamnĂ© des comportements indignes d’élus de la RĂ©publique ». Mme Dufay a Ă©galement indiquĂ© ce dimanche son intention de saisir le Procureur de la RĂ©publique au sujet de Julien Odoul. La polĂ©mique dĂ©clenchĂ©e par Julien Odoul a eu un retentissement national. Plusieurs personnes ont effet critiquĂ© son geste, mĂȘme au sein de son propre parti politique. Je pense que ces propos Ă©taient malvenus », a affirmĂ© Nicolas Bay, dĂ©putĂ© europĂ©en RN, qui reconnait que dans l’état actuel du droit il n’est pas interdit pour une femme de porter le voile et donc je pense que c’est une maladresse d’un jeune Ă©lu rĂ©gional ». Il faut combattre le communautarisme et les revendications politico-religieuses, mais en revanche nous devons assortir cette fermetĂ© du respect de la dignitĂ© de chacun », a estimĂ© Nicolas Bay. Je parle un peu comme un pĂšre de famille mettre en cause une femme Ă  cĂŽtĂ© de son enfant en bas Ăąge, c’est une maladresse et c’est malvenu. C’était inutilement blessant et agressif », a-t-il insistĂ©. L’intervention du jeune Ă©lu rĂ©gional d’extrĂȘme droite a eu droit Ă  des rĂ©actions mitigĂ©es du cĂŽtĂ© du gouvernement. C’est en humiliant les mĂšres publiquement devant leurs enfants qu’on crĂ©e du communautarisme », a dĂ©clarĂ© MarlĂšne Schiappa, secrĂ©taire d’État chargĂ©e de l’ÉgalitĂ© entre les femmes et les hommes. S’il a condamnĂ© l’intervention de Julien Odoul, le ministre de l’Education français a nĂ©anmoins estimĂ© que le voile n’est pas non plus Ă  encourager ». Le voile en soi n’est pas souhaitable dans notre sociĂ©tĂ© tout simplement. Ce n’est pas quelque chose d’interdit, mais ce n’est pas non plus Ă  encourager. Ce que ça dit sur la condition fĂ©minine n’est pas conforme Ă  nos valeurs », a dĂ©clarĂ© le ministre Jean-Michel Blanquer dans un entretien Ă  BFM TV. Sorties scolaires Blanquer prĂ©fĂšre qu'une mĂšre accompagnatrice ne porte pas le voile car il n'est pas souhaitable dans notre sociĂ©tĂ© » — BFMTV BFMTV October 13, 2019 Les propos du ministre de l’Éducation ont trouvĂ© un Ă©cho positif du cĂŽtĂ© du parti les RĂ©publicains ex-UMP, droite Ă  extrĂȘme-droite. Jean-Michel Blanquer a raison, le voile islamique n’est pas souhaitable en France. Je salue le courage de cette prise de position », a affirmĂ© Eric Ciotti, dĂ©putĂ© Les RĂ©publicains. Puisse-t-il ĂȘtre entendu par le PrĂ©sident Macron pour l’instant prisonnier de l’aile gauche de sa majoritĂ© », a-t-il ajoutĂ©. Le ministre de l’Éducation s’est par ailleurs attirĂ© le ridicule des internautes lorsqu’il a affirmĂ© que l’un des signes prĂ©coces de radicalisation visibles Ă  l’école. On voit parfois des petits garçons refusant de tenir la main Ă  une petite fille. Ce n’est Ă©videmment pas acceptable dans l’école de la RĂ©publique. La solution est simple et rapide, mais si cela dĂ©bouche sur un problĂšme plus grave, on le signale », a dĂ©clarĂ© M. Blanquer, s’attirant les moqueries et l’indignation des internautes. Blanquer On voit parfois des petits garçons refusant de tenir la main Ă  une petite fille, si ça dĂ©bouche sur un problĂšme plus grave, on le signale » — BFMTV BFMTV October 13, 2019 Le nouveau prĂ©sident du parti Les RĂ©publicains, Christian Jacob, a quant Ă  lui rĂ©clamĂ© ce lundi l’interdiction du port du voile lors des sorties scolaires. Ça me choque qu’on accepte qu’une personne voilĂ©e puisse accompagner des enfants en dĂ©placements scolaires parce que, comment expliquer que c’est interdit dans l’enceinte de l’établissement, mais que si on est au contact des enfants en dehors, et toujours dans le cadre scolaire, on l’autorise ? », a expliquĂ© M. Jacob dans un entretien Ă  France Inter, citĂ© par TV5 Monde. HĂ© ! Disclaimer cette rubrique a pour but de prĂ©senter des ouvrages de type essais/tĂ©moignages qui ont alimentĂ© ma rĂ©flexion en tant que femme et fĂ©ministe et agnostique, je le prĂ©cise pour ce cas prĂ©cis. Il s’agit d’une prĂ©sentation subjective mais la plus humble possible si vous ĂȘtes concernĂ©e par le sujet abordĂ© et aussi si vous ne l’ĂȘtes pas, je n’attends que votre avis pour pouvoir progresser et rĂ©flĂ©chir encore davantage. J’espĂšre donc que ma dĂ©marche sera prise pour ce qu’elle est, c’est-Ă -dire une volontĂ© sincĂšre de partager une ouverture et une curiositĂ© sur un sujet, et non une tentative d’appropriation quelconque d’ailleurs j’ai fait au mieux pour ne pas dĂ©former ou simplifier les propos repris ici, mais si un point semble maladroit, pareil, n’hĂ©sitez pas. Cela posĂ©, j’espĂšre que les livres prĂ©sentĂ©s vous intĂ©resseront autant qu’ils m’ont intĂ©ressĂ©e, et que les discussions potentielles en commentaires pourront se faire dans le respect et l’ouverture d’esprit. Amour sur vous et bonne lecture ! Au fur et Ă  mesure de ma dĂ©couverte du fĂ©minisme, j’ai fait en sorte de dĂ©finir de plus en plus prĂ©cisĂ©ment mes convictions et mes positions, notamment sur certains sujets polĂ©miques auxquels toute fĂ©ministe se doit apparemment d’avoir la solution au risque de dĂ©crĂ©dibiliser l’entiĂšretĂ© de la cause, tmtc on adore. Sans avoir rĂ©ponse Ă  tout, je me retrouve dans un fĂ©minisme le plus inclusif possible et je pense avoir des acquis stables sur pas mal de sujets
 mais certaines questions restent parfois problĂ©matiques. Un des sujets qui me posait question et ce jusqu’à trĂšs rĂ©cemment, c’était le voile islamique ici je parlerai de hijab, c’est-Ă -dire le foulard qui ne couvre pas le visage, contrairement au niqab et Ă  la burqa. Il faut dire qu’avec la polĂ©mique autour du burkini il n’y a pas si longtemps, beaucoup d’arguments contradictoires – dont certains portĂ©s par des militantes fĂ©ministes – sont revenus sur le devant de la scĂšne, et c’était un peu compliquĂ© de s’y retrouver. Comment dĂ©fendre ce symbole d’un projet politique hostile Ă  la mixitĂ© et Ă  l’émancipation des femmes », cet habit qui stigmatise la femme en tant qu’objet sexuel » ? Et plus encore, pourquoi autoriser en France, pays des droits de l’homme, quelque chose qui sert d’outil pour opprimer les femmes ailleurs dans le monde, mettant en pratique une conception extrĂ©miste et totalitaire de l’islam » ? bien sĂ»r, je choisis des propos forts mais d’autant plus marquants – de plus, je n’ai Ă  l’époque eu accĂšs qu’à peu d’avis contraires, c’est pourquoi je ne les mentionne pas ici Bref, j’étais confuse, et quand le dĂ©bat s’est calmĂ© je n’avais toujours pas d’idĂ©e bien prĂ©cise sur le sujet. N’étant pas concernĂ©e directement et n’étant pas croyante ni musulmane ni chrĂ©tienne ni quoi que ce soit, j’avais du mal Ă  envisager toutes les implications de ce dĂ©bat et toute l’importance qu’il pouvait avoir pour les femmes concernĂ©es. Et puis, il y a un mois, au dĂ©tour d’une Ă©tagĂšre de la bibliothĂšque universitaire, je suis tombĂ©e sur Les filles voilĂ©es parlent, un recueil de tĂ©moignages rassemblĂ©s par Ismahane Chouder, Malika LatrĂšche et Pierre TĂ©vanian La Fabrique, 2008. Et lĂ , paf ! la claque. Avec ce livre, j’ai dĂ©couvert l’autre cĂŽtĂ© du miroir, la parole de femmes stigmatisĂ©es car portant le voile, considĂ©rĂ©es comme ignorantes, stupides ou opprimĂ©es alors qu’elles ont elles-mĂȘme choisi de se voiler pour ĂȘtre en accord avec leur religion. J’ai pu lire les mots de jeunes filles qui ont vĂ©cu les dĂ©buts de la loi de mars 2004 sur l’interdiction des signes religieux ostentatoires Ă  l’école et qui ont dĂ» faire face Ă  une violence symbolique et parfois mĂȘme physique inouĂŻe dans ce livre s’expriment des lycĂ©ennes qui ont vu leurs droits niĂ©s et qui ont vĂ©cu pressions et exclusion parce qu’elles essayaient de les faire appliquer. J’ai dĂ©couvert que la loi de 2004 interdit le port du voile mais aurait pu autoriser en thĂ©orie le port du bandeau, accessoire de mode, pour permettre aux jeunes musulmanes de rester en accord avec leurs croyances sans que cela soit ostensible » en effet, la circulaire d’application de la loi prĂ©voit qu' »elle n’interdit pas les accessoires et les tenues qui sont portĂ©s communĂ©ment par des Ă©lĂšves en dehors de toute signification religieuse. ». Et pourtant, en pratique, certains collĂšges et lycĂ©es se sont empressĂ©s dĂšs la rentrĂ©e de 2004 d’interdire tout couvre-chef
 aux musulmanes ! J’ai lu les rĂ©cits de jeunes filles qui pensaient pouvoir suivre leurs cours normalement et faire entendre leur voix pendant la pĂ©riode de dialogue promise par cette loi un temps permettant d’expliciter les directives officielles pour que tout se passe au mieux en local – un rapport sur ce dispositif est disponible ici, et qui se sont retrouvĂ©es mises Ă  l’écart des autres Ă©lĂšves, laissĂ©es de cĂŽtĂ© par les professeures tant des enseignantes ouvertement racistes que fĂ©ministes dĂ©clarĂ©es, sous toutes sortes de prĂ©textes ou mĂȘme enfermĂ©es dans des salles de classe sans que personne ne soit au courant ! Bien sĂ»r, il s’agit de cas particuliers, mais le simple fait qu’ils aient pu exister m’a sidĂ©rĂ©e – et ce n’était que le premier chapitre. Cette pĂ©riode Ă©tait qualifiĂ©e de dialogue », mais le proviseur lui-mĂȘme a reconnu que ce n’était pas vraiment un dialogue. DĂšs qu’on prononçait le mot arrangement ou bandana, c’était Il n’y a pas d’arrangement, pas de compromis ! La loi c’est la loi, le rĂšglement c’est le rĂšglement ! Vous l’appliquez ou vous sortez ! » Deux filles ont craquĂ©, Ă  cause de la pression psychologique. Il y avait la pression de la famille [pour enlever le voile], et aussi celle du lycĂ©e ĂȘtre enfermĂ©e pendant deux mois dans une salle, sans profs, sans travail, sans conseils, c’est une pression Ă©norme. On voit les jours passer, on prend du retard, avec le proviseur qui demande sans arrĂȘt Alors, vous l’enlevez ? » C’est dur. Les filles voilĂ©es parlent, – Lamia*, 17 ans Ă  la parution, propos recueillis en 2005. [les * renvoient Ă  des prĂ©noms modifiĂ©s dans le livre] Au fil des pages et au-delĂ  du contexte de l’école, ces filles voilĂ©es » tĂ©moignent de leur vĂ©cu en tant que mĂšres, en tant qu’étudiantes, en tant que travailleuses, ou tout simplement en tant que femmes. Elles disent l’ostracisme, le regard des autres, l’humiliation de devoir se soumettre Ă  une loi ressentie comme injuste et l’incomprĂ©hension Ă  laquelle elles ont fait et font encore face. Parce que contrairement Ă  nombre d’idĂ©es reçues, les femmes qui s’expriment dans cet ouvrage ont choisi de porter le foulard parfois mĂȘme contre l’avis de leur famille. Pour la plupart d’entre elles, il n’est pas signe d’oppression selon les cas, il est signe de respect pour Dieu et pour elles-mĂȘmes, il est symbole de foi mais aussi d’une certaine libertĂ© de pratique bref il semble une Ă©vidence dans un État qui se dit laĂŻc, il peut ĂȘtre une protection contre le regard des hommes ou encore avoir un tout autre sens, dans tous les cas profondĂ©ment personnel et rĂ©sultant d’un choix intime. Et si pour elles c’est une libertĂ©, elles n’oublient pas pour autant les femmes contraintes Ă  porter le voile et condamnent cette situation qui semble d’ailleurs minoritaire pour les interviewĂ©es mais aussi statistiquement seules 6% des musulmanes interrogĂ©es en 2016 pour l’Institut Montaigne dĂ©clarent porter le voile par contrainte ou imitation. Simplement, pour la plupart des femmes qui s’expriment ici, l’interdire totalement n’est pas la solution. Quel meilleur moyen de confiner les femmes Ă  la maison que de les exclure de l’école ou de l’espace public renvoyant ainsi Ă  un communautarisme et Ă  une restriction Ă  l’espace familial qu’était pourtant censĂ©e combattre la loi de 2004 – comme le rappellent les enseignants qui ont demandĂ© l’abrogation de la loi en 2014 ? Quelle meilleure façon de lĂ©gitimer le rejet dont sont dĂ©jĂ  victimes les femmes voilĂ©es ? Pour moi, cette loi est une loi raciste. Ceux qui la dĂ©fendent disent qu’elle a pour but de libĂ©rer les femmes qui sont contraintes de porter le voile, alors que ces cas ne reprĂ©sentent qu’une minoritĂ©. Et puis ce n’est pas logique, parce que si une fille est contrainte par ses parents, il faut justement lui donner le privilĂšge d’aller en cours, d’avoir son bac, de rĂ©ussir ses Ă©tudes, pour pouvoir devenir indĂ©pendante et vraiment l’enlever si elle en a envie. 
 Une soeur » qui a la possibilitĂ© d’aller Ă  l’école, elle va repousser le moment du mariage, elle va d’abord s’ancrer dans la sociĂ©tĂ©, se construire sa propre vision des choses, et le jour oĂč elle sera en face de son mari, elle aura un potentiel, elle pourra lui rĂ©pondre, elle saura le contredire. Bref, elle sera une femme libre. Ceux qui ont votĂ© cette loi croient nous libĂ©rer ils sont en fait en train de dĂ©truire nos vies. Les filles voilĂ©es parlent, – Jihene*, 24 ans Ă  la parution, propos recueillis en 2006. Il est vrai que certaines femmes sont forcĂ©es de porter le voile. Mais on ne peut pas, sous prĂ©texte de lutter contre une injustice, en lĂ©gitimer une autre ! Contraindre une femme Ă  enlever son foulard est un acte aussi violent que de forcer une autre Ă  le porter quand elle ne l’a pas choisi. 
 Moi, mon foulard me libĂšre, et ce qui compte avant tout pour moi, c’est le sens que moi, je lui donne. Pas ce que d’autres projettent sur moi. Les filles voilĂ©es parlent, – Khadija, 21 ans Ă  la parution, propos recueillis en 2007. Les filles voilĂ©es parlent se veut sincĂšre subjectif certes, mais porteur d’une multitude de subjectivitĂ©s assumĂ©es et ouvert en offrant un espace d’expression aux principales concernĂ©es par ce dĂ©bat – trop souvent oubliĂ©es au moment de lĂ©gifĂ©rer – il permet de dĂ©construire l’idĂ©e d’une femme musulmane uniforme. Ici, ce sont des femmes singuliĂšres qui racontent une quarantaine en tout, des jeunes filles, des adultes, des Ă©lĂšves, des mĂšres, des converties, des personnes qui ont grandi avec l’islam ; autant de vies et de vĂ©cus diffĂ©rents qui pourtant conduisent toutes ces femmes Ă  faire le mĂȘme constat amer, la mĂȘme expĂ©rience de la stigmatisation. Si je devais faire passer un message Ă  la sociĂ©tĂ© française, je redirais une chose que j’ai dĂ©jĂ  dite on demande toujours aux filles voilĂ©es ou aux religieux de ne pas faire de prosĂ©lytisme, mais on devrait aussi l’exiger des autres. Parce que certains se permettent de faire des rĂ©flexions, de porter des jugements, ou d’imposer leur avis. Je voudrais aussi demander aux gens d’arrĂȘter de juger sur les apparences et de croire Ă  tout ce que disent les mĂ©dias. Ce n’est pas mon pĂšre, mon frĂšre, ni mon oncle, qui me force Ă  porter le voile. Je suis une Française comme les autres je vote, j’ai passĂ© le brevet et le bac comme tout le monde, je vais en fac
 MĂȘme ma tenue vestimentaire n’a rien d’extravagant. La seule diffĂ©rence, c’est que je ne montre pas mes cheveux, pour des raisons qui me regardent. C’est mon choix, aprĂšs tout, si je ne veux pas montrer mon corps ! Les filles voilĂ©es parlent, – Zeinab*, 19 ans Ă  la parution, propos recueillis en 2006. Injurier, violenter, punir une femme sous prĂ©texte qu’elle ne porte pas le voile, et injurier, violenter, punir une femme sous prĂ©texte qu’elle le porte, c’est une seule et mĂȘme violence. Lutter contre le voile obligatoire et contre le dĂ©voilement obligatoire, pour le droit d’aller tĂȘte nue et pour le droit de se couvrir, c’est un seul et mĂȘme combat le combat pour la libertĂ© de choix, et plus prĂ©cisĂ©ment pour le droit de chaque femme Ă  disposer de son corps. Les filles voilĂ©es parlent, – Épilogue. TrĂšs marquĂ©e par cette lecture, j’ai cherchĂ© Ă  me renseigner davantage, et c’est comme ça que j’ai fini par tomber sur deux autres titres sur le sujet ou l’élargissant. Je voudrais donc vous parler Ă©galement de L’une voilĂ©e, l’autre pas de Dounia Bouzar et SaĂŻda Kada Albin Michel, 2003 et de FĂ©minismes islamiques dirigĂ© par Zahra Ali La Fabrique, 2012. Dans le premier, on se trouve face Ă  un dialogue trĂšs respectueux entre deux femmes françaises et musulmanes, qui sont comme l’indique le titre l’une voilĂ©e et l’autre pas toutes deux par choix. Leur Ă©change est nourri de tĂ©moignages qui permettent d’ouvrir la parole sur des questions de fond, et leurs points de vue souvent divergents reproduisent de façon plus sobre bon nombre de dĂ©bats autour du voile et de l’islam en France. Ici, la confrontation se fait sans violence, et laisse entendre les arguments de l’une et de l’autre Ă  Ă©galitĂ© pourquoi porter le voile ? peut-il ĂȘtre laĂŻque ? comment gĂ©rer l’image de l’islam et l’histoire du voile pour le rĂ©interprĂ©ter ? pour se dĂ©finir et se libĂ©rer en tant que femme, faut-il obligatoirement choisir en deux modĂšles opposĂ©s, celui de la femme arabe musulmane soumise » et celui de la femme athĂ©e dite occidentalisĂ©e » alors que comme le rappellent les autrices chaque systĂšme d’émancipation s’inscrit dans une histoire qui est la sienne » ? Il faut distinguer les raisons pour lesquelles le foulard a Ă©tĂ© prescrit et les utilisations qui en sont faites. Le foulard est arrivĂ© pour les femmes et non pas contre elles. 
 Le foulard, comme beaucoup d’autres Ă©lĂ©ments de l’islam, a Ă©tĂ© dĂ©tournĂ© et redĂ©fini par les hommes dans les pays arabes. Ces derniers ont rĂ©cupĂ©rĂ© cet attribut religieux pour lĂ©gitimer leur pression sur les femmes, qu’ils exerçaient dĂ©jĂ  dans la culture arabe, et pour asseoir leur position de dominants. 
 RedĂ©fini Ă  travers leurs interprĂ©tations culturelles machistes, le foulard devient le symbole de soumission de la femme. L’une voilĂ©e, l’autre pas, En France, les fĂ©ministes se sont battues pour obtenir leurs droits. 
 Pour cela, il leur a fallu se battre contre le clergĂ© qui maintenait les femmes dans l’infantilisation. Du coup, on imagine que notre Ă©mancipation ne peut passer que par la lutte contre l’islam et le rejet du voile. C’est faire fi du principe de base musulman, qui consiste Ă  relire le sens des textes au regard du contexte actuel, et qui nous laisse d’autres choix que la rupture avec notre religion pour Ă©voluer. Les musulmanes cherchent Ă  s’épanouir en tant qu’individus dans le respect de leur Ă©thique musulmane. L’islam est pour elles un facteur d’émancipation, et non d’oppression. Une musulmane, avec ou sans foulard, trouve dans l’islam une philosophie de vie qui lui propose des moyens nĂ©cessaires pour se construire. Dans la logique de notre combat, obliger celles qui portent le foulard Ă  l’enlever reviendrait Ă  se soumettre Ă  la manipulation de cet attribut par les hommes 
. Ce serait renoncer Ă  la libertĂ© de se construire avec le foulard. L’une voilĂ©e, l’autre pas, C’est cette importance de la libertĂ© de choix que j’ai retenue de ces propos mĂȘme si je n’affirmerais pas avoir trouvĂ© une rĂ©ponse, j’ai pu en lisant ces tĂ©moignages et ces exposĂ©s faire coĂŻncider mes convictions fĂ©ministes avec la lutte des femmes voilĂ©es. Pour moi, le fĂ©minisme, c’est bien sĂ»r ĂȘtre Ă  l’écoute de celles qui sont forcĂ©es Ă  porter le voile, et s’efforcer de faciliter leur Ă©mancipation en faisant entendre leur voix. C’est d’ailleurs d’abord ne pas les exclure ou les stigmatiser par dĂ©faut. Mais c’est aussi respecter la parole de femmes qui disent porter le voile par conviction et Ă  qui la loi française donne ce droit dans l’espace public, et respecter leur intelligence en ne prĂ©supposant pas qu’elles sont manipulĂ©es ou incapables de penser par elles-mĂȘmes. Je vois chaque jour Ă  l’universitĂ© des jeunes femmes voilĂ©es qui pourraient facilement choisir d’aller tĂȘte nue si elles le souhaitaient ; et parmi les tĂ©moignages que j’ai dĂ©couverts, j’ai lu plus de difficultĂ© Ă  porter le voile qu’à ne pas le faire. Avancer voilĂ©e en France est pour la plupart des femmes concernĂ©es un choix abouti et courageux, et il me paraĂźt assez injuste de tolĂ©rer le choix de porter croix chrĂ©tiennes et kippas tout en rechignant devant le voile. Comme si l’on pouvait ĂȘtre chrĂ©tienne et française, ou juive et française, mais pas musulmane et française ; comme si la laĂŻcitĂ© de l’espace public ne devait pas s’appliquer de la mĂȘme façon pour toutes. Mais ne sommes-nous pas toutes citoyennes ? Le caractĂšre ostentatoire est affaire d’apprĂ©ciation. 
 Pourquoi le foulard serait-il plus une exhibition qu’autre chose ? Lorsque tu vois une croix autour du cou d’une de tes collĂšgues, est-ce que tu vois d’abord la catholique, ou ta collĂšgue ? 
 Ce n’est pas le foulard qui fait sĂ©paration, ce sont les a-priori qui l’entourent ainsi que les symboliques nĂ©gatives qui lui sont liĂ©es. L’une voilĂ©e, l’autre pas, La premiĂšre libertĂ© d’une dĂ©mocratie est celle qui est donnĂ©e Ă  l’individu de choisir ses rĂ©fĂ©rences pour se construire librement. Ce droit n’est effectivement pas donnĂ© aux femmes issues de l’immigration maghrĂ©bine et africaine. On continue de penser qu’elles ne peuvent s’intĂ©grer », se moderniser » que si elles se dĂ©font de toutes leurs rĂ©fĂ©rences d’origine. L’une voilĂ©e, l’autre pas, En partant du voile pour s’intĂ©resser Ă  la citoyennetĂ©, L’une voilĂ©e, l’autre pas Ă©largit le dĂ©bat n’y aurait-il donc qu’une seule façon d’ĂȘtre française ? N’y aurait-il qu’un seul modĂšle de femme libre ? Dans leurs Ă©changes, Dounia Bouzar et SaĂŻda Kada Ă©voquent le pouvoir Ă©mancipateur de l’islam – une notion qui, je l’avoue, m’a longtemps parue un peu floue – et en quelques mots tout devient clair en rĂ©actualisant la religion musulmane, il devient possible aux jeunes gĂ©nĂ©rations de s’opposer Ă  des traditions jugĂ©es dĂ©passĂ©es, sans pour autant trahir » une partie de leur identitĂ© dans les textes sacrĂ©s musulmans, on trouve par exemple un hadith – c’est-Ă -dire un enseignement religieux tirĂ© de l’observation du comportement du ProphĂšte – qui permet de faire valoir l’importance de l’éducation pour tous, un autre rappelle la notion de consentement pour valider le mariage
. De façon paradoxale, la religion permet Ă  ces jeunes d’exprimer des revendications nouvelles, de remettre en cause des schĂ©mas ancestraux que personne n’osait jusque lĂ  attaquer de peur d’ĂȘtre accusĂ© d’occidentalisation. 
 Jusque lĂ , [le choix des filles victimes de discriminations] Ă©tait limitĂ© soit elles se soumettaient aux valeurs traditionnelles pour rester fidĂšles Ă  leur lignĂ©e, soit elles revendiquaient leurs droits en rompant avec leur lignĂ©e. 
 Cette Ă©poque est rĂ©volue les filles provoquent des dĂ©bats avec leur pĂšre et leurs frĂšres, se rĂ©voltent, d’abord en tant que musulmanes ! C’est au nom de l’islam qu’elles ne se soumettent plus, et les parents ne le vivent plus comme un dĂ©ni de leur origine. L’une voilĂ©e, l’autre pas, Dans les propos de ces autrices, on retrouve aussi les questionnements des femmes de Les filles voilĂ©es parlent quand les musulmanes françaises cesseront-ilselles d’ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des Ă©trangerĂšres dans leur propre pays Ă  coup par exemple de nous quand on va visiter un pays musulman, on se plie aux coutumes locales », argument niant sans vergogne la diffĂ©rence entre s’adapter en tant que touriste et vivre au quotidien en tant que citoyenne ? comment faire sortir l’islam de la seule sphĂšre religieuse pour l’inclure dans une dĂ©marche citoyenne acceptĂ©e par la sociĂ©tĂ© française parce qu’ĂȘtre musulmane, ce n’est pas seulement ĂȘtre croyante mais aussi se dĂ©velopper en tant que personne ou en tant qu’acteurtrice social ? En derniĂšre partie, le livre revient Ă©galement sur les propos contenus dans le Coran et la Sunna celle-ci Ă©tant une sorte de registre qui retranscrit les paroles et les gestes du ProphĂšte » pour exemplifier une façon de vivre les enseignements divins rĂ©unis, eux, dans le Coran, en se penchant particuliĂšrement sur ce qui est dit des femmes ; trĂšs instructive, cette fin explicative permet de se pencher quasi-directement sur les sources pour mieux comprendre comment les musulmanes d’aujourd’hui peuvent rĂ©actualiser des textes produits et interprĂ©tĂ©s premiĂšrement dans un contexte tout diffĂ©rent. Cette relecture est d’ailleurs une des clĂ©s du fĂ©minisme islamique, qui l’utilise pour argumenter la possibilitĂ© de concilier islam et droits des femmes. Mais comment rĂ©former l’idĂ©e bien ancrĂ©e un peu partout dans le monde que la religion musulmane serait par nature oppressive et archaĂŻque dans sa façon de gĂ©rer les rapports femmes-hommes ? C’est pour en savoir plus sur cette dĂ©marche que j’ai voulu lire FĂ©minismes islamiques et que je vous en parle ici en relisant cette phrase, j’ai l’impression de faire la voix-off d’un reportage pour Zone Interdite, pardonnez-moi. Mais tout d’abord, revenons un peu sur la notion de fĂ©minisme islamique, utilisĂ©e au pluriel dans le titre de l’ouvrage. En effet, il s’agit d’un terme qui recouvre des rĂ©alitĂ©s variĂ©es chaque contexte et chaque groupe concernĂ© par des oppressions sexistes appelant un fĂ©minisme propre et dont ne se rĂ©clament pas toutes les personnes proches de ce courant ; je l’utiliserai cependant pour plus de lisibilitĂ©, mais gardons toutes cela en tĂȘte ! Et si fĂ©minisme » et islam » vous paraissent antinomiques, eh bien le complĂ©ment apportĂ© par FĂ©minismes islamiques devrait Ă©claircir tout ça. Parce que oui, cela fait totalement sens quand on se penche un peu sur la question sans a priori, et c’est ce que dĂ©fendent les onze autrices qui s’expriment dans ce recueil la possibilitĂ© de prĂŽner par la religion, au-delĂ  des prĂ©jugĂ©s et des lectures patriarcales, l’égalitĂ© femmes-hommes que promeut le Coran. Tel qu’il a pris forme ces vingt derniĂšres annĂ©es, le fĂ©minisme islamique dĂ©signe ce mouvement transnational, s’inscrivant dans la continuitĂ© de la pensĂ©e rĂ©formiste musulmane qui a Ă©mergĂ© Ă  la fin du XIXĂšme siĂšcle, qui appelle Ă  un retour aux sources de l’islam Coran et Sunna – afin de le dĂ©barrasser des lectures et interprĂ©tations sexistes qui trahissent l’essence libĂ©ratrice du message de la RĂ©vĂ©lation coranique – et Ă  l’utilisation de l’outil juridique de l’ijtihad qui permet d’apprĂ©hender l’islam en rapport avec l’évolution du contexte. 
 Il s’agit pour [les fĂ©ministes musulmanes] d’une rĂ©appropriation du savoir et de l’autoritĂ© religieuse par et pour les femmes. FĂ©minismes islamiques, Introduction de Zahra Ali. Comment se constitue le discours fĂ©ministe islamique ? Son argument fondamental est le suivant le Coran affirme le principe d’égalitĂ© entre tous les ĂȘtres humains et ce sont les idĂ©es l’idĂ©ologie et les pratiques patriarcales qui ont entravĂ© ou subverti la mise en pratique de cette Ă©galitĂ© entre hommes et femmes ainsi qu’entre toutes les autres catĂ©gories de personnes. 
 Le fĂ©minisme islamique 
 aide Ă  distinguer ce qui relĂšve du patriarcat et ce qui relĂšve de la religion. FĂ©minismes islamiques, FĂ©minisme islamique qu’est-ce Ă  dire ? de Margot Badran. En effet, il est important de distinguer le message spirituel du Coran et l’interprĂ©tation qui en a Ă©tĂ© faite au fil des siĂšcles par les hommes chargĂ©s de dĂ©finir le droit et la jurisprudence islamiques ! C’est pourquoi les fĂ©ministes islamiques, en plus de redonner aux femmes une place dans l’étude et l’histoire de l’islam, s’efforcent notamment de revisiter les versets ayaat censĂ©s justifier la domination masculine pour corriger la vision biaisĂ©e qui en est donnĂ©e notamment en les recontextualisant et de mettre en valeur les versets qui Ă©noncent sans Ă©quivoque l’égalitĂ© des hommes et des femmes » Ce que je remets en cause n’est pas le Coran, mais les interprĂ©tations oppressives qui en ont Ă©tĂ© faites et l’idĂ©e sacrilĂšge selon laquelle seuls certains d’entre nous, en l’occurrence des hommes, peuvent en connaĂźtre la vĂ©ritable signification, affirmation qui va implicitement de pair avec la confusion entre le Coran et son exĂ©gĂšse. 
 Bien que le Coran reconnaisse les diffĂ©rences sexuelles ou biologiques, il n’en fait pas une valeur symbolique ou normative. 
 C’est l’action morale en conformitĂ© avec l’enseignement coranique et non pas l’identitĂ© sexuelle qui dĂ©finit le rĂŽle et la subjectivitĂ© de l’ĂȘtre humain en islam. FĂ©minismes islamiques, Femmes musulmanes et oppression lire la libĂ©ration Ă  partir du Coran de Asma Barlas. Mais alors, me direz-vous, si le Coran incite Ă  l’égalitĂ©, comment se fait-il que la condition de la femme dans les sociĂ©tĂ©s musulmanes ne reflĂšte pas ces injonctions par exemple au niveau des lois dans une rĂ©publique islamique comme l’Iran ? Tout simplement parce que ce sont les interprĂ©tations Ă©voquĂ©es ci-dessus qui servent de base Ă  l’élaboration des lois, sans qu’elles soient retravaillĂ©es ou repensĂ©es par exemple par le biais de l’ijtihad, l’invitation explicite du Coran Ă  rĂ©-envisager continuellement les sources religieuses dans leur contexte d’application. La religion est ainsi invoquĂ©e comme justification pour des lois non conformes Ă  l’esprit du Coran, sous couvert d’interprĂ©tations patriarcales en vigueur depuis des siĂšcles. Un exemple de confusion ? La distinction volontairement brouillĂ©e par certains rĂ©gimes entre shari’a et fiqh La shari’a, signifiant littĂ©ralement la voie », est selon la croyance musulmane la totalitĂ© de la volontĂ© divine telle qu’elle a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e au ProphĂšte Muhammed. Le fiqh, la science de la jurisprudence, signifiant littĂ©ralement comprĂ©hension », est la tentative humaine de discerner et d’extraire les rĂšgles de loi, Ă  partir des sources sacrĂ©es de l’islam. 
 En d’autres termes, alors que la shari’a est sacrĂ©e, universelle et Ă©ternelle, le fiqh est humain et – comme tout autre systĂšme de jurisprudence – sujet au changement. 
 Ainsi, ce que les islamistes et d’autres affirment ĂȘtre l’autoritĂ© de la shari’a » par consĂ©quent divine et infaillible est le rĂ©sultat du fiqh, spĂ©culation et extrapolation juridique par consĂ©quent humaine et faillible. FĂ©minismes islamiques, Le projet inachevĂ© la quĂȘte d’égalitĂ© des femmes musulmanes en Iran de Ziba Mir-Hosseini. Si parfois les articles de FĂ©minismes islamiques sont complexes il s’agit de publications savantes et le vocabulaire/les notions suivent donc Ă  high level, le message est clair le fĂ©minisme islamique a sa place dans les mouvements de dĂ©fense des droits des femmes, et il convient de l’apprĂ©hender dans sa globalitĂ© sans vouloir faire prĂ©valoir une grille de lecture occidentale et/ou laĂŻque. Le fĂ©minisme islamique concilie sans ambiguĂŻtĂ© religion et fĂ©minisme en tant que croyantes et en tant que femmes, les fĂ©ministes musulmanes utilisent les outils Ă  leur disposition de la maniĂšre la plus adaptĂ©e Ă  leur situation – comme cela a pu ĂȘtre fait en France. Comment pourrait-on alors se permettre de mĂ©juger de cette dĂ©marche juste parce qu’elle ne rĂ©pond pas aux mĂȘmes critĂšres que le fĂ©minisme Ă  la française » ? Dans le champ fĂ©ministe, [le fĂ©minisme islamique] remet en question la domination du modĂšle occidental colonial et nĂ©ocolonial qui s’est imposĂ© comme Ă©tant l’unique voie de libĂ©ration et d’émancipation, ainsi que l’idĂ©e que le fĂ©minisme serait antinomique au religieux et imposerait une mise Ă  distance de celui-ci. Dans le champ islamique, il questionne tout un pan de la jurisprudence musulmane Ă©laborĂ©e Ă  partir d’un point de vue masculin et sexiste et dĂ©nonce la marginalisation du rĂŽle et de la place des femmes dans l’historiographie musulmane classique, ainsi que l’appropriation du savoir et de l’autoritĂ© religieuse par les hommes au dĂ©triment des femmes. FĂ©minismes islamiques, Introduction de Zahra Ali. C’est en passant par la religion – rĂ©interprĂ©tĂ©e en-dehors d’une grille patriarcale – que les fĂ©ministes islamiques peuvent faire entendre leurs idĂ©es il me semble d’ailleurs logique que, dans des pays oĂč la religion est au coeur de la production et de la dĂ©fense des lois sexistes, la rĂ©ponse considĂ©rĂ©e comme la plus lĂ©gitimante puisse ĂȘtre religieuse. En me donnant Ă  lire la parole de militantes directement concernĂ©es, ce recueil m’a permis d’élargir encore ma rĂ©flexion, vers plus d’empathie et de comprĂ©hension il peut sembler facile de juger l’islam de l’extĂ©rieur, ou en se contentant de lire les sources d’un oeil neutre », mais n’est-ce pas infiniment plus sensĂ© et intĂ©ressant de se placer du point de vue des personnes impliquĂ©es des personnes pour lesquelles la foi est une incitation Ă  la rĂ©flexion – d’autant plus que la quĂȘte de savoir est au coeur de la religion musulmane – et pour lesquelles le lien entre religion et fĂ©minisme se fait de façon Ă©vidente ? FĂ©minismes islamiques parle peu de voile, et pourtant je trouve qu’il fait une parfaite conclusion Ă  cet article rĂ©flexif en thĂ©orisant le fond du message des deux premiers ouvrages et en balayant un plus large champ ; en effet, en plus de proposer trois articles fort thĂ©oriques et un peu ardus je l’avoue sur le fĂ©minisme islamique, il offre Ă©galement des rĂ©flexions locales sur la façon dont ce concept peut s’incarner dans diffĂ©rents pays aux logiques propres Iran, Malaisie, Egypte
 – ce qui me semble crucial pour Ă©viter d’occulter la dimension plurielle du monde musulman. De plus, il s’agit ici de mettre en avant un type de rĂ©ponses Ă  un problĂšme global, l’oppression des femmes, mais s’il convient d’inclure cette rĂ©flexion religieuse dans le champ des fĂ©minismes actuels, c’est Ă©galement une invitation Ă  recentrer le dĂ©bat aprĂšs tout, fĂ©minisme laĂŻque ou fĂ©minisme religieux, le combat est le mĂȘme. On assiste aujourd’hui Ă  l’institutionnalisation d’un islam fantasmĂ©, Ă©rigĂ© en bouc Ă©missaire idĂ©al et Ă  la construction idĂ©ologique d’une image essentialiste fortement ancrĂ©e dans l’imaginaire collectif non musulman, et occidental en particulier. 
 [Une Ă©vidence] Ă  rappeler, et que l’on oublie souvent, est celle de l' »universalitĂ© » de la discrimination envers les femmes. L’oppression des femmes est universelle et chaque contexte socio-politique et gĂ©ographique est caractĂ©risĂ© par ses propres rapports de domination. 
 Vouloir stigmatiser ou hiĂ©rarchiser les oppressions est franchement intolĂ©rable car cela implique que certaines oppressions sont moins acceptables que d’autres du simple fait de leur appartenance culturelle. FĂ©minismes islamiques, Entre refus de l’essentialisme et rĂ©forme radicale de la pensĂ©e musulmane de Asma Lamrabet. Je suis partie de la question du voile pour dĂ©buter cette rĂ©flexion, et nous voilĂ  arrivĂ©es, par un chemin plus ou moins dĂ©tournĂ©, au fĂ©minisme oui, on dirait de la magie. Pour autant, la rĂ©flexion ne s’arrĂȘtera pas lĂ  pour moi ! J’ai profitĂ© Ă  fond des trois lectures que je vous ai prĂ©sentĂ©es pour enrichir mes acquis en matiĂšre de fĂ©minisme, et lĂ  oĂč elles sont su me convaincre, c’est en suscitant en moi d’autres questions et en me prouvant qu’il n’y a pas qu’une seule rĂ©ponse Ă  une polĂ©mique comme celle sur le voile. Cependant, je vais m’arrĂȘter ici pour cette fois c’est dĂ©jĂ  bien assez long comme ça haha. Merci de m’avoir lue ; j’espĂšre avoir su transcrire fidĂšlement mon ressenti et le cours de ma progression, et je vous invite dans tous les cas Ă  venir Ă©changer en commentaires, ou simplement signaler votre courage d’avoir lu ce pavĂ©. Des bisous ! Pour aller plus loin trois articles enrichissants sur le sujet pour une rĂ©flexion Ă©clairĂ©e € une note d’intention/rĂ©sumĂ© de Les filles voilĂ©es parlent, co-Ă©crite par les trois auteurs et beaucoup plus riche que mon propre compte-rendu notamment sur la diversitĂ© des personnes interrogĂ©es et sur le contexte Ă  l’origine du livre. € un article passionnant et dĂ©taillĂ© d’Aude Lorriaux pour faire le point sur la question qui fĂąche les femmes musulmanes sont-elles forcĂ©es Ă  porter le voile, comme on l’entend dire ? € et un entretien autour du fĂ©minisme musulman avec l’inspirante Asma Lamrabet notamment directrice du Centre des Etudes FĂ©minines en Islam au sein de la Rabita Mohammadia des UlĂ©mas du Maroc depuis 2011, en faveur d’une lecture non-sexiste du Coran.

devant qui la femme peut enlever son voile